La biotech liégeoise Amyl Therapeutics ouvre une nouvelle voie contre l’Alzheimer

September 23, 2025

Pierre Vandepapelière, CEO Amyl Therapeutics: “Nous utilisons des technologies qui sont déjà validées et nous avons des résultats très positifs“. ©Valentin Bianchi / Hans Lucas

La biotech liégeoise Amyl Therapeutics a réorienté ses développements vers l’Alzheimer. Elle pense avoir mis au point le traitement qui pourrait changer la vie de ceux qui en souffrent. Mais le parcours n’en est qu’à son début.

Dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer, les progrès sont lents. Très lents. Après des années d’impasse thérapeutique et d’échecs cliniques, seules quelques petites avancées ont été enregistrées. Et elles ne permettent que de ralentir le déclin cognitif et fonctionnel des patients.

Mais le monde pharmaceutique ne baisse pas les bras. Plusieurs poids lourds ont des programmes en développement. Et un certain nombre de sociétés de biotechnologie plus modestes ont également entrepris de relever le défi. Parmi celles-ci, Amyl Therapeutics, une petite entreprise logée au LegiaPark, le nouveau pôle des sciences du vivant à Liège.

Un changement de cap

L’Alzheimer n’était pas la première maladie ciblée par la jeune biotech, qui a été créée en 2020 par Pierre Vandepapelière et Florent Gros sur la base d’une plateforme destinée au traitement des pathologies associées aux fibrilles amyloïdes. Ces dernières sont des agrégats de protéines mal repliées qui finissent par entraîner des troubles neurodégénératifs ainsi que des maladies appelées amyloses systémiques.

C’est l’une de ces affections, l’amylose à chaînes légères (AL), une maladie incurable qui atteint le cœur, le foie et les reins, qui avait été retenue initialement par la société. Signe de la crédibilité du projet, Amyl avait réussi à lever 23 millions sous diverses formes en cinq ans.

Mais les développements précliniques, les récentes avancées sur l’Alzheimer ainsi que l’arrivée possible de concurrents sur l’amylose AL ont poussé la direction à réorienter il y a deux ans les travaux de la société.

Des médicaments existants à l’efficacité limitée

Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif pour les maladies d’Alzheimer et de Parkinson et jusqu’il y a peu, les soins étaient exclusivement palliatifs”, explique le CEO d’Amyl, Pierre Vandepapelière, qui est passé par GSK, Abivax et Imcyse. “Depuis 2020, trois médicaments – des anticorps monoclonaux – ont démontré un effet modérément positif sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer, et sont à la disposition des patients“, résume-t-il.

Ces trois traitements, dont les ventes ne décollent pas vraiment, agissent sur le même agent causateur, appelé amyloïde beta. Or, il existe au total trois types de fibres amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Les médicaments existants n’agissent pas sur les deux autres fibres, ce qui explique sans doute leur efficacité assez limitée. Par ailleurs, ils peuvent causer des effets secondaires cérébraux sérieux. Enfin, à cause de la barrière hémato-encéphalique, la proportion de médicament injecté qui pénètre dans le cerveau est infime, ce qui impose l’administration de quantités importantes“, déplore le CEO.

Des études sur les bactériophages

Des handicaps que la biotech liégeoise estime pouvoir surmonter. Grâce notamment à des recherches universitaires menées sur les bactériophages, elle a développé un candidat médicament biologique qui agit en même temps sur les trois types de fibres, non seulement en les enlevant du cerveau, mais aussi en stoppant leur formation.

De plus, ce médicament a été spécialement adapté pour ne pas causer les effets secondaires rencontrés avec les molécules existantes. Enfin, Amyl, à l’instar de certains autres laboratoires pharmaceutiques, y a ajouté une “navette cérébrale” qui facilite la pénétration dans le cerveau.

Je suis convaincu que nous avons le médicament qui peut changer la vie de millions de patients et de leur entourage. Nous utilisons des technologies qui sont déjà validées et nous avons des résultats très positifs”, fait valoir Pierre Vandepapelière.

Les prochaines étapes

L’équipe d’Amyl est encore modeste – neuf personnes –, car elle collabore avec des dizaines de partenaires académiques et privés dans le monde et a largement recours à la sous-traitance.

La start-up biotech doit maintenant confirmer ses résultats dans des modèles animaux. Ensuite, elle devra sélectionner précisément son candidat médicament d’ici à octobre 2026 afin de perme!re le lancement d’une première étude sur l’homme, début 2028. Elle est à la recherche de 5 millions d’euros de fonds privés, avant d’envisager une levée un peu plus importante – de l’ordre de 15 millionsd’euros – pour le financement des essais cliniques.

Nous sommes grandement aidés par des subsides de la région wallonne, mais cela ne suffit pas. Les levées de fonds ne sont toutefois pas faciles. Les investisseurs sont très frileux pour des sujets précoces. Ils préfèrent attendre une validation et payer plus cher à ce moment-là. Certains nous recommandent même de nous tourner vers les Chinois, qui ont maintenant des compétences et une réactivité extraordinaires“, conclut le CEO.

Source: ©Mediafin – L’Echo, Olivier Gosset, 16 septembre 2025.

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